Nova Scotia Archives

'Canada's Ocean Playground'

L'industrie du tourisme en Nouvelle-Écosse, 1870-1970

Jay White, Ph.D., a obtenu son doctorat en histoire canadienne de l’Université McMaster en 1994. Il fait actuellement partie (2008) du personnel du Bureau des études permanentes du Collège militaire royal du Canada à Kingston, en Ontario. L’article qui suit a été préparé à notre invitation pour le présent site Web et il est une version abrégée d’un article déjà paru intitulé « ‘A Vista of Infinite Development’: Surveying Nova Scotia's Early Tourism Industry », dans Collections de la Royal Nova Scotia Historical Society, Vol. 6 (2003), pp. 144-169.

Partout où il était possible de le faire dans le texte, les mentions liées à des endroits, des activités ou des documents publiés spécifiques ont été reliées aux photos ou à la documentation de voyage numérisée correspondantes figurant ailleurs dans le présent site Web.

Les débuts de l'industrie du tourisme en Nouvelle-Écosse, 1870-1940

C´est en juillet 1871 qu´ils sont arrivés — 300 pionniers d´un nouveau genre, des pionniers du tourisme en Nouvelle-Écosse, secteur qui n´en était alors qu´à ses premiers pas. Connus sous le nom de la famille Coit, ils ont pris le train du Massachusetts jusqu´à Saint John, ils ont traversé la baie de Fundy en direction d´Annapolis Royal à bord d´un vapeur, puis ils ont pris le train jusqu´à Halifax, voyageant avec la compagnie Windsor & Annapolis Railway sur un chemin de fer qui venait tout juste d´être terminé. Neuf heures plus tard, ils ont fait le chemin en sens inverse. Il sera surprenant de noter que leurs déplacements en Nouvelle-Écosse auront pris moins de 24 heures! Le premier endroit qu´ils ont voulu voir : Grand-Pré, cadre du poème Evangeline publié en 1847 par Henry Wadsworth Longfellow.1

C´était là un signe précurseur.

Lors des cérémonies d´inauguration organisées le 19 août 1869, la Windsor & Annapolis Railway proclamait : « Bienvenue au pays de Gabriel et d´Évangéline ».2 Son successeur commercial, la Dominion Atlantic Railway (DAR), a fait la promotion de la « Route d´Évangéline » pendant plus de quatre-vingts ans. Pourtant, ces deux compagnies ne seront pas responsables de la création d´une industrie du tourisme durable en Nouvelle-Écosse. Ce ne sera pas avant la fin des années 1880s, lorsque la Yarmouth Steamship Company (YSSC) inaugurera une liaison directe entre Boston et la Nouvelle-Écosse avec des bateaux à vapeur modernes et rapides, que les vacanciers commenceront à visiter la province de façon régulière durant l´été.

S´inspirant d´efforts semblables déployés par des compagnies de chemin de fer américaines pour faire la promotion de centres de villégiature en Nouvelle-Angleterre, la Yarmouth Steamship Company a conçu une campagne publicitaire ingénieuse qui a fait appel à des conférenciers, des publicistes et des agents de voyages pour annoncer la Nouvelle-Écosse comme destination touristique. Selon Eric J. Ruff, c´est à Loran Ellis Baker, fondateur de la compagnie, que devrait revenir l´honneur d´avoir fondé l´industrie du tourisme en Nouvelle-Écosse.3 Des voyages de promotion auxquels sont invités des journalistes, des cartes publicitaires, des horaires, des bulletins d´information et des guides touristiques permettent de répandre la nouvelle au sujet de la province britannique au paysage magnifique et au passé romantique. La pièce de résistance de ce blitz promotionnel a été la remarquable série de livrets publiés chaque année de 1892 à 1901. La série Beautiful Nova Scotia de la Yarmouth Steamship Company a servi de modèle pour faire connaître la Nouvelle-Écosse comme un endroit d´intérêt historique et d´une beauté naturelle.

Pour apprécier à sa juste valeur la manière dont le tourisme s´est développé en Nouvelle-Écosse, il faut jeter un autre coup d´œil à ses origines. Avant que la Nouvelle-Écosse ne devienne « le pays d´Évangéline », ce sont la chasse et la pêche qui retenaient l´attention. L´ouvrage de Charles Hallock, The Fishing Tourist (1873), guide touristique à l´intention des pêcheurs à la ligne, comportait des chapitres sur la Nouvelle-Écosse et le Cap-Breton. Hallock, qui avait déjà vécu à Halifax, publiait à New York un magazine intitulé Forest and Stream.4 Parmi les autres livres sur le sujet, notons Forest Life in Acadie (1869) du capitaine Campbell Hardy et The Emigrant and Sportsman in Canada (1876) de John J. Rowan. C´est peut-être la pêche à la ligne qui, indirectement, a fait connaître la Nouvelle-Écosse auprès de l´intelligentsia de la Nouvelle-Angleterre, car le révérend Joseph Twichell, un passionné de la pêche à la ligne, a persuadé son ami Charles Dudley Warner de l´accompagner dans le cadre d´un voyage de pêche au Cap-Breton en 1873.

Warner a écrit un compte rendu de ce voyage, Baddeck, and that Sort of Thing, compte rendu qui a été publié l´année suivante dans le magazine Atlantic Monthly, puis plus tard sous forme de livre. Il est remarquable qu´une figure si connue de la littérature américaine comme Warner (il a écrit The Gilded Age avec Mark Twain) ait écrit sur la Nouvelle-Écosse. On croit qu´Alexander Graham Bell aurait visité le Cap-Breton — où il a plus tard fait construire une maison d´été — après avoir lu Baddeck, and that Sort of Thing.

Il reste que Warner n´avait pas que des compliments au sujet de la Nouvelle-Écosse. S´attendant « à voir quelque chose comme les fertiles vallées de la Connecticut ou de la Mohawk », il n´a pas été impressionné par les « petits prés » et les « vergers clairsemés » de la vallée de l´Annapolis. Tandis que Grand-Pré était « l´endroit le plus poétique en Amérique du Nord », Warner « n´a rien trouvé ici… sauf une timide tradition acadienne. » Quant aux « pins au long murmure et [aux] cyprès altiers » de l´Acadie de Longfellow, Warner les a simplement qualifiés « d´arbres de l´imagination ». La Nouvelle-Écosse, avait-il dit aux habitants de la Nouvelle-Angleterre, est un pays de « sapins chétifs ».5

Peu d´Américains à cette époque n´auraient pas été d´accord avec cette illustration. Beaucoup voyaient la Nouvelle-Écosse comme un endroit froid, éloigné et hostile. Les gens de la Nouvelle-Angleterre avaient peut-être oublié la position loyaliste de la colonie durant la guerre d´Indépendance, mais des liens avec les états confédérés durant la guerre de Sécession, sans oublier les récentes tensions entourant les raids menés par les Fenians et les droits de pêche des Américains en eaux canadiennes, étaient plus frais dans leur mémoire. En 1871, un homme du Massachusetts avait trouvé que Halifax était un endroit « sombre et lugubre » où les citoyens « nous dévisageaient » et « semblaient craindre que nous soyons venus pour leur retirer leurs droits politiques ou pour les annexer ».6 Dans le langage populaire du dix-neuvième siècle aux États-Unis, on disait couramment à quelqu´un « d´aller à Halifax » pour ne pas lui dire d´aller au diable.7 Dix ans plus tard, un visiteur américain avait dit du meilleur hôtel de Halifax qu´il était poussiéreux et vieillot et qu´il sentait le renfermé.8

Les choses n´étaient guère mieux à la campagne. En 1864, tout en visitant un « petit patelin sale » du Cap-Breton, un touriste américain a tenté de séparer des gens ivres qui se bagarraient en pleine rue; des gens de l´endroit lui ont dit de se mêler de ses affaires et de ne pas interrompre leur « comédie habituelle ».9 Durant la visite du prince de Galles en 1860, des journalistes britanniques ont relaté des impressions négatives semblables concernant la société de colons peu civilisés que l´on trouve en Nouvelle-Écosse.10 Il était évident que l´endroit n´était pas encore prêt pour accueillir une classe moyenne éduquée et raffinée. Lors d´un voyage dans les Maritimes au début des années 1870, le journaliste touristique Moses Foster Sweetser n´avait trouvé qu´un seul hôtel de « première classe » et qu´un seul centre de villégiature d´été « d´un certain intérêt », et ni l´un ni l´autre ne se trouvait en Nouvelle-Écosse.11 En 1880 encore, un ministre du culte américain en quête d´hébergement près de Grand-Pré s´était vu demander par un habitant méfiant s´il était « un de ces écrivains ». Ayant répondu que non, il a pu ainsi se trouver une chambre pour la nuit.12

Même si le poème Evangeline de Longfellow a été bien accueilli dès sa publication, cela n´a pas suscité un intérêt immédiat à l´endroit de la Nouvelle-Écosse. Une des premières références a décrit le poème comme « une histoire de la simple population rurale vivant ensemble… sur les côtes de la France ».13 En 1853, un article intitulé « the Birth-Place of Evangeline » a été publié dans le magazine Putnam´s Monthly, et son auteur était une personne en visite en Nouvelle-Écosse chez un ancien camarade de classe rencontré à Harvard. On a emmené le visiteur à différents endroits autour de « Horton », Grand-Pré n´ayant pas encore acquis son cachet littéraire. La visite avait pour but de montrer qu´aucun endroit en Nouvelle-Angleterre ne pouvait rivaliser avec la beauté des paysages de Horton. Tous s´entendaient de façon générale sur ce point mais la vue des habitants « apathiques et ignorants » a suscité une étrange curiosité chez le visiteur :

Mes sentiments d´Américain ont vite pris le dessus… ‘Si nous étions aux États-Unis, quel magnifique endroit cette vallée deviendrait! On démolirait rapidement ces maisons sales pour ériger à leur place de belles demeures.´ ‘Oui, et si nous étions aux États-Unis, de souligner mon incorrigible ami, tous les arbres seraient abattus. Ces maisons simples qui, vues de loin, sont si romantiques, seraient remplacées par de laides maisons à deux étages, et on construirait des filatures de coton le long des rives de cette magnifique rivière.´14

L´opinion selon laquelle l´état arriéré relatif de la Nouvelle-Écosse était l´un de ses plus grands atouts du point de vue d´un touriste, et celle voulant que la prospérité que l´industrialisation a apportée en Nouvelle-Angleterre l´aurait d´une certaine manière changée pour le pire, sont devenues un lien curieux entre la Nouvelle-Écosse et une Nouvelle-Angleterre « perdue » très romantique. Cette image a très bien coexisté avec le stéréotype pastoral de l´Acadie de Longfellow. Il était donc facile pour un simple visiteur de voir la Nouvelle-Écosse contemporaine comme une société préindustrielle, surtout lorsque les régions visitées étaient essentiellement des régions agricoles.

La coexistence du passé et du présent était évidente dès les premiers écrits des auteurs américains au sujet de la Nouvelle-Écosse. Tout comme Charles Dudley Warner, l´humoriste et négociant en vin new-yorkais Frederic Cozzens n´a pas vu grand-chose d´intéressant à Grand-Pré lorsqu´il a visité la région vers le milieu des années 1850. Dans son livre intitulé Acadia; or, A Month with the Blue Noses, Cozzens affirme que les événements historiques ne sont rien d´autres que des « représentations inutiles d´une période révolue ». Lors de son passage à Halifax, il a toutefois été si captivé par l´apparence exotique de deux femmes acadiennes qu´il s´est arrangé pour les prendre en photo sur daguerréotypes.15

Pour souligner le caractère antique des scènes décrites dans son livre, Cozzens avait aussi placé sur la page titre un couplet tiré d´une chanson populaire de l´époque :

This is Arcadia–this the land
That weary souls have sighed for;
This is Arcadia–this the land
Heroic hearts have died for:
Yet, strange to tell, this promised land
Has never been applied for!

Encore aujourd´hui, dans la langue vernaculaire américaine, on emploie sans distinction « Acadiens » et « Arcadiens ». Tout Victorien ayant un tant soit peu d´éducation classique aurait pu faire la distinction entre l´Arcadie de la Grèce antique et l´Acadie française du 18e siècle. Avec le temps, par contre, l´usage courant a mélangé les deux significations, renforçant ainsi la perception qu´on avait de la Nouvelle-Écosse, celle d´un vestige d´une certaine société prémoderne. Les références à la Nouvelle-Écosse dans les nombreux livres de Francis Parkman sur la lutte entre les empires français et britannique en Amérique du Nord, publiés entre 1865 et 1892, venaient appuyer encore davantage les associations avec le passé colonial de l´Amérique.16

Même si les premiers écrivains comme Cozzens et Warner avaient tendance à se faire l´écho des visions romantiques de la vieille Acadie de Longfellow, ils parlaient aussi avec franchise du réseau de transport primitif de la Nouvelle-Écosse, de ses coutumes curieuses et de son extrême pauvreté — pas vraiment le genre de contenu qu´on trouve dans une brochure touristique typique. Une publication d´un genre différent est apparue en 1875 avec The Maritime Provinces: A Handbook for Travellers de Moses Sweetser. Son but était « de fournir un guide pour cet endroit où on ne peut pas trouver de guides professionnels. »>17

Basé sur les populaires guides Beadeker publiés en Europe, Osgood´s (ou encore Sweetser´s) Maritime Provinces comprenait une section sur « Le pays d´Évangéline » où l´on trouvait de longues citations de Longfellow et de larges extraits du livre de Thomas Chandler Haliburton sur l´histoire de la Nouvelle-Écosse, publié en 1829. Selon Sweetser, les « charmes particuliers » de la région des Maritimes étaient « son histoire durant l´époque acadienne et ses nobles paysages côtiers — la première référence contenant certains des épisodes les plus romantiques des annales de l´Amérique, et la deuxième présentant un mélange merveilleux de caps montagneux et d´îles pittoresques sur fond de mer du nord aux eaux bleues. »18

Les guides Osgood/Sweetser ont été mis à jour au moins huit fois jusqu´au début des années 1890. À ce moment-là, la documentation touristique a été transformée grâce à la mise au point de techniques meilleur marché pour l´impression des photos, des techniques comme l´héliogravure et la demi-teinte.19 Les premières publications à grand tirage à profiter de la nouvelle technologie ont été les livres illustrés mettant en vedette des villes du Midwest en pleine croissance, comme Chicago, Cincinnati et Minneapolis. Les lieux d´intérêt représentaient aussi des sujets populaires (les chutes Niagara, les champs de bataille de la guerre de Sécession, etc.), sans oublier les événements d´importance tels que les jubilés de la reine Victoria de 1887 et de 1897, l´Exposition colombienne de Chicago (1893) et l´Exposition panaméricaine de Buffalo (1901). On trouvait aussi couramment des livres souvenirs illustrés sur des destinations touristiques telles que les Mille-Îles, les montagnes Blanches, la chaîne des lacs Fulton dans les Adirondacks et la région côtière du Maine.20

Le format oblong, ou à l´italienne, était une caractéristique particulière du livre illustré, qui mesurait généralement 5 po sur 9 po, mais qui pouvait à l´occasion mesurer jusqu´à 9 po sur 11 po. On imprimait normalement une photo par page, mais on voyait aussi parfois un arrangement de plusieurs images plus petites sur une même page, chaque photo étant encadrée de manière élaborée et décorative. Une méthode d´impression appelée la photogravure permettait de produire une image à grain fin, plus « douce » que les images obtenues au moyen du processus meilleur marché de la demi-teinte. Par conséquent, le premier livre illustré commandé par la Yarmouth Steamship Company en 1892 proclamait sur sa page titre « illustré de photos pleine page imprimées en photogravure et tirées directement des négatifs originaux ».21

C´est à peu près à la même époque que l´éditeur new-yorkais D. Appleton a publié le Canadian Guide-Book, en deux volumes, couvrant l´Ouest canadien et l´Est canadien. Ernest Ingersoll, qui avait déjà écrit un guide touristique pour le Boston and Maine Railroad entitulé Down East Latch Strings, a écrit le volume sur l´Ouest canadien, tandis que Charles G.D. Roberts a écrit celui sur l´Est canadien.22 Comme le souligne D.M.R. Bentley, Roberts « comprenait très bien le genre du guide touristique et les possibilités littéraires, politiques et commerciales qu´il présentait. »23 Roberts a exploité à fond l´histoire des Acadiens, produisant des romans commeThe Forge in the Forest (1896) et A Sister to Evangeline (1898), sans oublier de faire une place de choix aux thèmes pastoraux dans ses œuvres poétiques.

On pouvait difficilement blâmer un poète qui tirait le diable par la queue de profiter d´une tendance; vers 1894, Roberts a aussi écrit un guide pour la Dominion Atlantic Railway intitulé The Land of Evangeline and the Gateways Thither. Il a écrit qu´il avait vu « des touristes sauter du wagon à Grand-Pré et saisir une poignée de cailloux le long de la voie ferrée en guise de souvenirs d´Évangéline. »24 Les habitants de l´endroit avaient depuis longtemps profané ce qu´on qualifiait d´anciennes tombes acadiennes en « déterrant les cercueils et en en vendant les morceaux aux touristes. »25 En 1907, sur un ton tout à fait cynique, Newton MacTavish écrivait que des chasseurs de souvenirs avaient « arraché l´écorce » d´un saule associé à Évangéline et qu´ils l´avaient fait d´une manière « si impitoyable que l´arbre s´est finalement désséché et il est mort. »26

De tels événements annonçaient l´arrivée du tourisme de masse en Nouvelle-Écosse comme cela s´était déjà vu en Nouvelle-Angleterre et dans le Centre du Canada.27 En réalité, ce sont les zones urbaines de Boston, de New York et de Philadelphie qui ont stimulé la croissance du tourisme en Nouvelle-Angleterre. L´expansion urbaine combinée à des moyens de transport mus par la vapeur et plus efficaces ont repoussé de façon inexorable les limites géographiques des voyages d´agrément. À mesure que les villes prenaient de l´expansion, les aires de villégiature les plus proches étaient de plus en plus fréquentées. À la longue, des régions plus éloignées, comme les Mille-Îles, la côte du Maine et la Floride, sont devenues des havres estivaux pour les riches.

Dès les années 1880, la région côtière de Portsmouth, au New Hampshire, jusqu´à York, au Maine, avait pratiquement été ‘colonisée´ par les touristes.28 Dans l´état du Maine seulement, plus de mille hôtels estivaux ont ouvert leurs portes entre 1887 et 1914. Dès 1900, l´état du New Hampshire, qui comptait une population comparable à celle de la Nouvelle-Écosse, accueillait chaque année environ 174 000 touristes estivaux.29

Au moment où le marché des hôtels de villégiature estivaux en Nouvelle-Angleterre était sur le point d´aller crescendo, Loran Ellis Baker a fondé la Yarmouth Steamship Company, financée essentiellement au moyen de fonds obtenus en Nouvelle-Écosse. Baker commanda immédiatement un nouveau vapeur en acier qui devait être construit en Écosse — le premier à être construit tout spécialement pour la liaison entre la Nouvelle-Écosse et la Nouvelle-Angleterre. Le Yarmouth est entré en service en 1887; un deuxième navire, le Boston, est venu se joindre au premier en 1890. Les navires à vapeur de Baker ont augmenté considérablement la capacité de transport des passagers et des marchandises. Leurs qualités nautiques et leurs moteurs à triple expansion ont permis de réduire d´environ sept heures la durée du voyage entre Boston et Yarmouth.30

Baker n´a pas perdu de temps avant de lancer une campagne de publicité accrocheuse. Lors du voyage inaugural du Yarmouth à Boston en mai 1887, il en a profité pour montrer son nouveau navire à des journalistes invités. Cette première démarche a été suivie d´un voyage de promotion vers la Nouvelle-Écosse à l´intention de membres influents de la presse du Massachusetts. Ces derniers se sont rassemblés à l´American House à Yarmouth pour remercier Baker et d´autres représentants des chemins de fer de leurs efforts en vue « de faire connaître au public américain les mérites d´une partie du Dominion que les gens de notre pays connaissent trop peu. »31

Ironiquement, les Néo-Écossais ne connaissaient que trop bien les Boston states puisqu´ils s´y rendaient en grand nombre dans le cadre de la migration saisonnière pour aller travailler en agriculture, dans la coupe du bois et dans la pêche sur le banc Georges. Environ 17 000 travailleurs des Maritimes sont arrivés à Boston par bateau à vapeur en un an seulement.32 Le service de transport vers Yarmouth de Loran Baker ne pouvait que bénéficier d´une augmentation du trafic des passagers dans les deux directions. La capacité inutilisée est le fléau des entreprises de transport et les touristes qui allaient vers l´est étaient une contrepartie profitable des voyageurs à destination de l´ouest, surtout lorsque ces derniers n´achetaient qu´un billet pour l´aller seulement.

Dès 1894, le consul des États-Unis à Yarmouth a remarqué que les vapeurs de Loran Baker étaient « surtout utilisés par les voyageurs estivaux en provenance des États-Unis. » Deux ans plus tard, un bureau de tourisme de Brooklyn, à New York, a indiqué que « la demande pour la documentation sur la Nouvelle-Écosse a été très importante et le bureau a distribué une grande quantité de dépliants et de livres publiés par les diverses compagnies maritimes qui se rendent au pays d´Évangéline. » La concurrence était forte et la Yarmouth Steamship Company a embauché des « agents voyageurs » pour prospecter l´est des États-Unis, et même aller jusqu´en Floride « pour distribuer des guides, des dépliants, etc. … à de riches Américains qui passent l´hiver dans le sud. » Outre les horaires, les dépliants et les cartes, la compagnie a publié, pendant quelque temps seulement, un journal mensuel de dix pages qui s´intitulait le Yarmouth Line Journal.33

Beautiful Nova Scotia était de loin le produit le plus impressionnant du service de publicité de la Yarmouth Steamship Company. Il s´agissait d´une série de livrets illustrés publiés à Boston et à New York entre 1894 et 1901. Moitié guides touristiques, moitié livrets illustrés, les livrets de la série Beautiful Nova Scotia s´inspiraient d´une documentation semblable publiée par le Boston and Maine Railroad et l´International Steamship Company. Dès 1899, on a qualifié la série Beautiful Nova Scotia « d´innovation très réussie en matière de guide touristique » et selon Baker, « la demande partout en Nouvelle-Angleterre a été énorme », ce qui a expliqué le tirage exceptionnellement élevé de 50 000 exemplaires cette année-là.34 Ces livrets ont mis la barre bien haute en matière de documentation touristique sur la Nouvelle-Écosse. Par exemple, la page titre de l´édition de 1895 faisait appel à la technique de la grosse, un art presque perdu aujourd´hui, qui fournissait un exemple particulièrement impressionnant du talent de l´imprimeur.

C´est Thomas Fenwick Anderson du Globe de Boston qui a écrit le texte de l´édition inaugurale. Né à Halifax en 1865, on connaît peu de choses des premières années d´Anderson, mais on sait qu´il a travaillé comme journaliste à Boston vers la fin des années 1880. Anderson a participé par la suite à diverses activités liées à la Nouvelle-Écosse, y compris à une collecte de fonds en 1895 en faveur d´un projet de monument qui devait être érigé à Halifax à la mémoire de Joseph Howe; trente ans plus tard, il a défendu l´idée d´ériger un monument à Boston en l´honneur de Donald McKay, Néo-Écossais d´origine et constructeur de clippers. En 1906, le légendaire maire de Boston « Honey Fitz » Fitzgerald a choisi Anderson pour diriger un bureau municipal de publicité.35

En 1889, Thomas F. Anderson a écrit un article sur l´émigration des Maritimes vers la Nouvelle-Angleterre36 qui a peut-être attiré l´attention de Loran Baker. Quoi qu´il en soit, Baker l´a embauché pour rédiger en 1892 le texte du premier livre illustré de la Yarmouth Steamship Company. Les deux premiers livrets ne portaient pas le titre « Beautiful Nova Scotia ». Ce printemps-là, Anderson a aussi donné une conférence à Boston au nom de la compagnie et pour laquelle on l´a payé cinquante dollars. À cette époque, le Herald de Halifax a reconnu qu´Anderson « faisait un travail inestimable en vue d´attirer des touristes en Nouvelle-Écosse. »37

La prose de Thomas F. Anderson peut sembler très romantique aux yeux du lecteur moderne, mais il sera quand même parvenu à donner une touche d´élégance et de charme à des thèmes rebattus:

Le pays d´Évangéline est en effet un pays où le sentiment et la poésie vont de pair avec la beauté et l´abondance… et où le pèlerin enchanté venu de la cité troublée par les soucis – qui, du haut de la montagne North regarde cette merveilleuse symphonie de blanc et de vert –, prie le Ciel pour que le paradis où il espère passer le reste de ses jours soit au moins aussi beau que ce paradis terrestre qui s´étend à ses pieds.38

Anderson a aussi créé des ressemblances entre la Nouvelle-Écosse et la Nouvelle-Angleterre pour que les Américains « se sentent chez eux » lors de leur visite dans un pays étranger. Ainsi, le bras Nord-Ouest à Halifax évoquait « une des rives de l´Hudson, juste en amont de New York »; le petit village de Wilmot Springs serait « pour la Nouvelle-Écosse ce que Poland Spring est pour le Maine »; la ville de Digby était « le prochain Bar Harbour du Canada »; quant à Digby Neck, « son sable était aussi ocre que celui du New Jersey ». Sous la plume d´Anderson, Yarmouth était « la plus américaine des villes canadiennes — un endroit où « un instant, on est dans les bois en train de chasser l´orignal ou le caribou et, l´instant d´après, on peut acheter ou vendre des actions à Boston ou à New York » grâce au télégraphe.39

De telles déclarations montrent clairement que la publicité de la Yarmouth Steamship Company ciblait les professionnels et la classe éduquée de la Nouvelle-Angleterre. Ils étaient les plus susceptibles de vouloir fuir les lieux de villégiature trop fréquentés près de chez eux, et ils avaient les moyens de prendre des vacances à l´étranger.40 En 1893, par exemple, Charles G.D. Roberts a écrit à Loran Baker pour lui demander un billet de transport gratuit pour une amie américaine bien en vue dans la société parce que ses « déplacements seront décrits en détail dans les journaux de Boston et de New York et qu´elle a une très grande influence au sein de la société et des classes de gens qui voyagent en Amérique. »41 Il était sous-entendu ici que la petite concession d´un passage gratuit sur les bateaux de Baker pourrait rapporter à ce dernier de généreux dividendes dans les rangs de la haute société.

On vantait aussi la Nouvelle-Écosse pour son accessibilité et son côté bon marché par comparaison à des vacances en Europe ou dans le Far West. Les institutrices et les instituteurs « terriblement mal payés » — dont le nombre grimpait rapidement mais dont le salaire ne suivait pas la même tendance — étaient des candidats idéals pour des vacances dans des endroits d´intérêt littéraire.42 Over the Border: Acadia, The Home of “Evangeline” (1884) d´Eliza B. Chase a été un des premiers exemples de récits de voyages destinés à ce nouveau créneau. Chase s´est préparée pour son voyage en lisant « de la documentation publiée par les chemins de fer, telle que des cartes, des horaires et des livres d´excursion. Ces petits dépliants sympathiques, avait-elle écrit, étaient de magnifiques outils d´orientation. »43

Bien des femmes de la Nouvelle-Angleterre ont suivi les pas de Chase. En juillet 1892, on a écrit qu´un « groupe de 9 dames de Pittsfield, Mass., visitait la province. » Lorsque le Brooklyn Daily Eagle a organisé une excursion en Nouvelle-Écosse en 1897, onze des vingt-trois femmes du groupe étaient célibataires. Deux ans plus tard, un Américain qui faisait le tour de la province à bicyclette a rencontré un groupe de sept femmes cyclistes voyageant ensemble, « pas une seule femme mariée dans le groupe ».44 Tant pour les hommes que pour les femmes, la Nouvelle-Écosse offrait un répit apprécié des lieux de villégiature bondés de l´Âge d´or du Nord-Est des États-Unis. La « province britannique » offrait une combinaison attrayante : un produit bon marché, un climat agréable et une sensibilité à la classe moyenne.

À mesure que le tourisme se diversifiait et que le marché se faisait plus concurrentiel, l´éventail et la qualité de la documentation publicitaire ont évolué. Petit à petit, les publications de petit format et à tirage limité montrant de modestes illustrations à l´aquarelle ont fait place à des livres illustrés de grand format et comptant plus d´illustrations et de texte explicatif. La photographie a pris de plus en plus d´importance. En 1892, Loran Baker a embauché Nathaniel Livermore Stebbins « pour prendre des photos de la Nouvelle-Écosse » en vue du deuxième livre illustré annuel de la Yarmouth Steamship Company. Un des photographes maritimes les plus en vue de son époque, Stebbins a parcouru la province avec Thomas F. Anderson.45 Les photos qui ont accompagné l´article qu´Anderson a écrit en 1893 sur la Nouvelle-Écosse pour le New England Magazine étaient probablement celles de Stebbins.

Parmi les photographes néo-écossais dont le travail a paru dans des documents de promotion touristique après 1900, les plus connus étaient Amos Lawson Hardy, Paul Yates, George et Enos Parker et Edson Graham. Yates a passé plusieurs années « à travailler dans le domaine de la photographie publicitaire et commerciale » avant d´arriver à Digby vers 1906. On dit que ses panoramas de la vallée de l´Annapolis « ont fait le tour de l´Amérique du Nord » et qu´ils ont été reproduits sur d´innombrables cartes postales. George F. Parker de Yarmouth a travaillé dans les années 1890 mais il a quitté le domaine de la photo pour devenir un agent voyageur à temps plein de la Dominion Atlantic Railway.46 On peut voir le travail d´Edson Graham, établi à Windsor, sur des cartes postales et dans des brochures publiées dans les années 1930.

Amos Lawson Hardy a ouvert un studio de photographie commerciale à Kentville. Ses photos illustrent de manière superbe la vallée de l´Annapolis au tournant du 20e siècle. Vers 1902, Hardy a publié une collection de ses photos dans un livre illustré de 90 pages intitulé Evangeline Land. Sa photo intitulée ‘The Village of Grand Pré´ a été l´image la plus reproduite de Nouvelle-Écosse avant la Première Guerre mondiale, même si la photo lui a rarement été attribuée.47 Le travail de Hardy est souvent apparu dans la documentation de la Dominion Atlantic Railway.

Dans les années 1890, la Windsor & Annapolis Railway a finalement commencé à récolter les fruits de sa « Route du Pays d´Évangéline ». Pendant vingt ans, le chemin de fer avait lutté pour se maintenir à flot, les intrigues politiques et les frais d´exploitation élevés lui ayant causé des difficultés.48 De 1875 à 1887, le nombre de passagers ne dépassait jamais les 100,000 par année, et on peut conclure, à partir d´un rapport de 1885 sur les opérations de la compagnie, qu´environ le tiers seulement des affaires de la compagnie reposait sur le transport des passagers, le reste reposant sur le transport des marchandises. Toutefois, en 1889, le nombre de passagers a augmenté de 20 p. 100 — une augmentation si soudaine que des sièges temporaires ont dû être installés dans les wagons à bagages. Deux ans plus tard, lorsque le « maillon manquant » a été terminé entre Annapolis Royal et le terminus de la Western Counties Railway à Digby, la Windsor & Annapolis Railway a transporté près de 200 000 passagers. Pour les cinq années suivantes, le nombre des passagers a atteint les 180 000 par année.49

Ce succès était attribuable en grande partie à la Yarmouth Line. Malgré la forte concurrence des transporteurs américains comme la Boston and Maine Railroad, l´International Steamship Co. et la Plant Line, Loran Baker et ses associés ont travaillé fort pour gagner la clientèle du public voyageur. Baker lui-même avait l´habitude de descendre au quai pour accueillir les passagers qui descendaient du bateau. Un passager de Brooklyn à bord du Yarmouth en 1896 avait reçu « un accueil à bord aussi cordial… que si j´avais été un membre de la famille ».50 Loran Baker a aussi été le fer de lance de la construction d´un hôtel de qualité qui donnait sur le port de Yarmouth. Ouvert en 1894, le Grand Hotel a défini une norme élevée en matière d´hébergement des touristes dans la province.

Pendant ce temps, loin de la Nouvelle-Écosse, des plans avaient été préparés dans les salles du conseil de Londres pour consolider la gamme des chemins de fer entre Yarmouth et Halifax. En 1894, la Dominion Atlantic Railway a assumé la gestion de la Windsor and Annapolis Railway. Un apport de capitaux britanniques a permis d´augmenter considérablement le matériel roulant dans la vallée de l´Annapolis et, par conséquent, le trafic des passagers et celui des marchandises ont augmenté.

L´avenir s´annonçait bien pour le tourisme en Nouvelle-Écosse au tournant du siècle, sauf aux yeux de quelques opposants : « Des journalistes de bon calibre ont fait beaucoup d´excellente publicité pour notre pays, avait écrit le journaliste de Halifax Neil Mack en 1900, mais on en a trop fait. » Selon Mack, les Américains avaient tendance à voir les Néo-Écossais comme

de simples paysans qui ne s´inquiètent pas des préoccupations du monde extérieur, qui vivent au jour le jour une existence un peu arcadienne, qui se ravissent des panoramas glorieux qu´offrent la montagne et la vallée, les grands prés, les champs verdoyants et les vergers fertiles qui donnent leurs fruits sans le moindre labeur, ou des magnifiques cieux qui, au soleil couchant, jettent une douce lumière glorieuse sur toute cette scène de beauté et qui accompagnent d´une bénédiction ces heureux mortels qui dégustent leur pain et leur lait dans l´embrasure de la porte. Il sont des gens gais qui ont toujours le sourire, un sourire qui exprime un contentement céleste plutôt que terrestre.51

Mack était irrité par ce stéréotype et de nombreux Néo-Écossais partageaient sans doute son irritation mais, pour le meilleur ou pour le pire, le passé a été transformé en une ressource renouvelable et les futurs promoteurs touristiques ont fait leur, et ce sans aucune honte, ce thème des « simples gens » pour commercialiser à peu près tout, des villages de pêcheurs jusqu´aux jeux écossais. La province semblait au moins avoir la nature de son côté : pour reprendre les mots d´un commentateur, « peut-être… que cette exploitation de la poésie et de l´histoire aussi à des fins commerciales est une bonne chose, car ces rives du bassin des Mines sont agréables à regarder et justifieraient en soi l´admiration du voyageur. »52

Malheureusement, l´homme qui s´est le plus dévoué pour amener des foules record de touristes en Nouvelle-Écosse ne vivra pas assez longtemps pour recevoir les honneurs qu´il méritait tant. Dans une scène à la fois poignante et ironique, c´est un préposé aux services qui découvrira le corps sans vie de Loran Baker dans le wagon d´un train assurant la liaison entre Boston et New York, le 1er janvier 1900, sans doute victime d´une crise cardiaque. Il aura vécu ses derniers moments seul, à l´aube d´un nouveau siècle.

Au moment de sa mort, Loran Baker était engagé dans une lutte amère avec la Dominion Atlantic Railway (DAR) en vue de la suprématie sur la liaison Yarmouth-Boston. En 1897, la DAR avait inauguré sont propre service de vapeurs, faisant directement concurrence à la Yarmouth Line. Les deux compagnies se sont fait la guerre des prix durant la saison estivale 1899. Les héritiers de Baker ont refusé de poursuivre cette lutte. En 1901, la dernière édition de Beautiful Nova Scotia annonçait que la Yarmouth Steamship Company avait été « absorbée » par la Dominion Atlantic Railway.

En plus de faire l´acquisition d´une compagnie de transport maritime, la DAR s´est approprié une stratégie de marketing extrêmement efficace. L´introduction d´une nouvelle série annuelle de livrets, Vacation Days in Nova Scotia, avec des couvertures couleur, beaucoup d´illustrations et des textes commandés auprès de nul autre que Thomas F. Anderson, montrait la dette que la DAR avait envers son ancien rival en affaires. La série Vacation Days in Nova Scotia continuera à être publiée jusque dans les années 1930.

Selon Marguerite Woodworth, 1907 sera l´année où la Dominion Atlantic Railway « transportera le plus grand nombre de touristes de son histoire », mais l´époque bénie des années 1890 ne se répétera pas. Malgré qu´elle ait été engloutie par le géant Canadian Pacific Railway en 1911, et qu´on ait démantelé rapidement la plupart de ses opérations de transport par bateaux à vapeur, le trafic des touristes sur la DAR s´est stabilisé à environ 30 000 par année.53 Le début de la guerre en 1914 n´a pas aidé les choses; les recettes provenant du tourisme estival ont chuté de plus de trente pour cent en 1917 seulement.54

Un nouveau directeur général a dirigé des projets de modernisation et d´expansion dans les années 1920, notamment de nouveaux hôtels à Digby et à Kentville et la construction du parc commémoratif de Grand-Pré. Comme son nom l´indique, le parc se voulait une commémoration solennelle plutôt que la présentation d´une tranche de vie des Acadiens à l´intention des touristes. Il a été beaucoup publicisé et il a attiré chaque année des foules respectables — de 7 000 à 10 000 visiteurs au milieu des années 192055 — mais d´une certaine manière, on a tenté, avec le parc, de retrouver les jours heureux qu´on avait connus un quart de siècle plus tôt, lorsque les touristes affluaient dans le champ d´un fermier pour voir quelques arbres noueux. L´architecte du parc, Percy Erskine Nobbs de Montréal, s´est inspiré du mouvement Arts and Crafts et des influences classiques européennes pour son église « normande ».56 Peu importe; avec, en avant-plan, la statue de bronze d´Évangéline réalisée de main de maître par Louis-Philippe Hébert, le résultat était réussi sur le plan esthétique et il parvenait à être ni vulgaire ni exagéré.

Le parc commémoratif de Grand-Pré a bien résisté à l´épreuve du temps et il est maintenant un lieu historique national, mais la compagnie qui l´a fait construire n´existe plus. Même si la Dominion Atlantic Railway s´est mérité la réputation d´être l´un des meilleurs petits chemins de fer en Amérique du Nord, un nouveau mode de transport était sur le point de révolutionner les voyages en Nouvelle-Écosse, tout comme il l´a fait partout ailleurs. Vers la fin des années 1930, les automobiles et les autobus ont transporté les touristes dans tous les coins de la province en circulant sur des chemins asphaltés.

Malgré l´importance des transports dans la mise en place initiale des entreprises touristiques en Nouvelle-Écosse, la capacité d´attirer des touristes durant la période de 1870 à 1940 était étroitement liée à la Nouvelle-Angleterre qui a redécouvert son propre passé colonial. Ce n´était pas une coïncidence si un Américain a mené un campagne de dix ans pour reconstruire l´Habitation de de Mons à Port-Royal.57 Le déclin perçu dans la qualité de vie urbaine en Nouvelle-Angleterre a mené à une conception idéalisée de la période coloniale et à diverses tentatives en vue de préserver ce qui restait du patrimoine de la région.58 Prenant appui sur la philosophie pastorale des transcendantalistes de la Nouvelle-Angleterre, des auteurs et des artistes comme John Burroughs, Wallace Nutting (qui a photographié la Nouvelle-Écosse au début de sa carrière), Clifton Johnson et d´autres ont glorifié une Nouvelle-Angleterre idyllique et mythique où les valeurs américaines pourraient s´exprimer dans leur forme la plus pure.59

Cela étant dit, lorsque les gens de la Nouvelle-Angleterre visitaient la Nouvelle-Écosse, surtout les régions colonisées par d´anciens résidents de l´Amérique coloniale (p. ex. des Planteurs et des Loyalistes), on suppose que l´expérience présentait un fort effet nostalgique, même lorsque les signes visibles se faisaient rares. Des caractéristiques locales bien ordinaires — un puits, une église, une rangée de saules — prenaient une tout autre signification lorsqu´elles étaient vues dans un contexte littéraire ou historique. Patricia Jasen appelait cela « la capacité extraordinaire qu´ont les touristes de remplacer un élément d´une culture indigène par un autre qu´ils jugent plus authentique ou typique ».60

La couverture de la brochure de l´hôtel Digby Pines publiée en 1927 par la Dominion Atlantic Railway fournit une illustration appropriée de l´influence durable de Henry Wadsworth Longfellow. Évangéline flotte sereinement au-dessus du paysage, les bras ouverts comme une sorte de sainte patronne omniprésente qui jette un regard bienveillant sur les gens de l´endroit et sur les touristes. Malgré sa présence systématique, il a fallu les efforts concertés en marketing de la Yarmouth Steamship Company et de la Dominion Atlantic Railway pour transformer l´histoire de Longfellow en un symbole culturel durable qui aura eu, à long terme, plus de succès que l´œuvre littéraire qui lui a donné naissance. Les vrais pionniers de la route d´Évangéline étaient des promoteurs et des hommes d´affaires pragmatiques qui ont su reconnaître le potentiel du tourisme culturel et créer une industrie où il n´en existait pas encore. Tous les Néo-Écossais devraient leur en être très reconnaissants.


Notes en fin de texte :

1.     Le nom « Coit Family » vient du nom du capitaine du premier vapeur nolisé par le groupe pour des excursions estivales en 1868. Lors de sa troisième excursion annuelle, le groupe a visité Saint John (N.-B.); il y a été accueilli tellement chaleureusement qu´il a décidé de revenir l´année suivante. C´est lors de ce quatrième voyage qu´il a fait une excursion supplémentaire d´une journée en Nouvelle-Écosse. Coit Correspondence of 1871, or the Second Trip to New Brunswick by the Coit Family (Worcester, MA : Charles Hamilton, 1872). Voir aussi Nova Scotia Archives MG 1 Vol. 1001, dossier 3, janv. 1871 – déc. 1877, journaux personnels de T. T. Vernon Smith, 29 juillet 1871.

2.     Marguerite Woodworth, History of the Dominion Atlantic Railway (Kentville, 1936), p. 66.

3.     Dictionary of Canadian Biography Vol. XII (Toronto : University of Toronto Press, 1990), pp. 50-51.

4.     Charles Hallock, The Fishing Tourist (New York : Harper and Brothers, 1873). Voir aussi James H. Morrison, « American Tourism in Nova Scotia, 1871-1940 », Nova Scotia Historical Review Vol. 2, No 2 (1982), p. 42.

5.     Charles Dudley Warner, « Baddeck and that Sort of Thing », The Atlantic Monthly Vol. 33, No 2 (février 1874), pp. 186, 189. Le récit du voyage que Warner a effectué à Baddeck a été publié sous forme de série dans le magazine Atlantic Monthly de janvier à mai 1874.

6.     Coit Correspondence of 1871, p. xi.

7.     Sharon Ingalls, « Mad About Acadians », The Beaver, (juin-juillet 1989), p. 21. Le 25 janvier 1888, le Brooklyn Daily Eagle a publié un petit article sur un blizzard en Nouvelle-Écosse et lui a donné ce titre : « Hardly Any One Just Now Would Care to Go to Halifax. » Six ans plus tard, le journal a publié un article intitulé « Summer Trip through the Land of Evangeline » et a commencé l´article avec les mêmes mots. Brooklyn Daily Eagle 8 juillet 1894, p. 5.

8.     Eliza B. Chase, Over the Border: Acadia, The Home of « Evangeline » (Boston : James R. Osgood, 1884), p. 124.

9.     James Doyle, rédacteur, Yankees in Canada : A Collection of Nineteenth-Century Travel Narratives (Downsview, Ont. : ECW Press, 1980), pp. 116-117.

10.     Woodworth, p. 49. Voir aussi Ian Radforth, « 'Called to the attention of the whole civilized world': The Visit of the Prince of Wales to British North America, 1860 », Zeitschrift für Kanada-Studien Vol. 20, No 1 (2000), pp. 185-204.

11.     Moses Foster Sweetser, The Maritime Provinces: A Handbook for Travellers (Boston : J.R. Osgood, 1875), p. 5. Sweetser prétendait que le meilleur hôtel de la région était le Victoria à Saint John. Le seul hôtel de villégiature estival qu´il ait trouvé était l´hôtel Island Park à Summerside (Î.-P.-É.). Deux hôtels de Halifax qui ne sont pas nommés (probablement le Queen et le Halifax) ont été jugés « confortables ».

12.     Brooklyn Daily Eagle, 16 décembre 1880, p. 3.

13.     Ibid., 19 novembre 1847, p. 1.

14.     « Acadie and the Birth-Place of Evangeline », Putnam's Monthly Vol. 2, numéro 8 (août 1853), pp. 144-145.

15.     Frederic S. Cozzens, Acadia; or, A Month with the Blue Noses (New York : Derby & Jackson, 1859), pp. 294-301. Les daguerréotypes n´apparaissent pas dans toutes les éditions.

16.     Même si les historiens modernes ne considèrent plus l´interprétation de Parkman comme viable, son œuvre a été très populaire des deux côtés de la frontière vers la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle. Voir W.J. Eccles, « Francis Parkman », Dictionary of Canadian Biography Vol. XII (Toronto : University of Toronto Press, 2000).

17.     James R. Osgood de Boston a publié les guides de Sweetser. Osgood a aussi publié Nathaniel Hawthorne, Mark Twain, Jules Verne et William Dean Howells — ce dernier était le rédacteur du magazine Atlantic Monthly. Voir Peter Dzwonkoski, rédacteur, Dictionary of Literary Biography, Volume 49 : American Literary Publishing Houses, 1638-1899 (Detroit : Gale Research Co., vers 1986), Vol. 2.

18.     Moses Foster Sweetser, The Maritime Provinces: A Handbook for Travellers (Boston : J.R. Osgood, 1875), p. 1.

19.     John Tagg, The Burden of Representation: Essays on Photographies and Histories (London : Macmillan, 1988), p. 66.

20.     Concernant les livres illustrés en général et ceux montrant la Nouvelle-Angleterre en particulier, voir William F. Robinson, A Certain Slant of Light: The First Hundred Years of New England Photography (Boston : New York Graphic Society, 1980), pp. 97-99.

21.     Thomas F. Anderson, Nova Scotia, The Land of Evangeline and the Tourist's Paradise reached in 15 to 17 hours by the Yarmouth Steamship Co (Limited), Illustrated with Full Page Photogravure Views Direct from the Original Negatives, by C.B. Webster, and with Entirely Original Text, by Thomas F. Anderson (Boston : Yarmouth Steamship Co., 1892), p. 7. C.B. Webster figure également à titre d´éditeur.

22.     Ernest Ingersoll, Down East Latch-Strings or Sea Shore, Lakes & Mountain by the Boston & Maine Railroad (Services aux passagers, Boston & Maine Railroad, 1887); Charles G.D. Roberts, The Canadian Guide-Book, The Tourist's and Sportsman's Guide to Eastern Canada and Newfoundland (New York : D. Appleton and Company, 1891).

23.     D.M.R. Bentley, « Charles G.D. Roberts and William Wilfred Campbell as Canadian Tour Guides », Journal of Canadian Studies Vol. 32, No 2 (1997), p. 84.

24.     Charles G.D. Roberts, The Land of Evangeline and the Gateways Thither (Kentville : Dominion Atlantic Railway, vers 1895), p. 7.

25.     Carrie J. Harris, A Modern Evangeline (Windsor, N.S. : J. Anslow, 1896), p. 8.

26.     Newton MacTavish, « The Myth of Evangeline », The Canadian Magazine (décembre 1907), pp. 145, 148.

27.     Dona Brown, Inventing New England (Washington, D.C. et Londres : Smithsonian Institution Press, 1995); Patricia Jasen, Wild Things: Nature, Culture, and Tourism in Ontario, 1790-1914 (Toronto : University of Toronto Press, 1995), p. 36.

28.     Brown, pp. 180-185.

29.     Richard W. Judd, « Reshaping Maine's Landscape: Rural Culture, Tourism, and Conservation, 1890-1929 », Journal of Forest History, Vol. 32, No 4 (octobre 1988), p. 183; Brown, p. 155. La population du New Hampshire en 1900 était de 411 588. La population de la Nouvelle-Écosse en 1901 était de 459 574, selon le Canada Year Book de 1933, p. 102.

30.     Morning Herald, Halifax, 27 mai 1887, p. 3; Le Yarmouth mesurait 220 pieds (67 mètres) de longueur et pouvait atteindre une vitesse maximale de 14 nœuds — un vapeur rapide pour l´époque. J. Murray Lawson, Yarmouth : Past and Present (1902), pp. 555-556. Voir aussi Arthur L. Johnson, « From Eastern State to Evangeline, A History of the Boston-Yarmouth, Nova Scotia Steamship Services », The American Neptune, Vol. 34, No 3 (1974) pp. 179-180.

31.     Yarmouth Herald, 18 mai 1887, p. 4; 1er juin 1887, p. 4.

32.     Thomas F. Anderson, « Remarkable 15 Years' Exodus to Boston », Boston Globe, 1er septembre 1889, repris dans L'Évangéline, 18 septembre 1889.

33.     Despatches from United States Consuls in Yarmouth, 1886-1906, Washington, D.C. : National Archives and Records Service, 1962, Vol. 2, 8 janvier 1889 — 17 novembre 1902, de Charles O'Connor à Edwin Uhl, 9 juin 1894; Brooklyn Daily Eagle, 19 juillet 1896, p. 5; Herald, Halifax, 8 avril 1895, p. 8; Nova Scotia Archives Scotian Railroad Society. De Spinney à Baker, 7 juin 1892, 17 juin 1892; Liverpool Advance, 24 août 1892, p. 1.

34.     Herald, Halifax, 23 mai 1899, p. 8; 21 juin 1899, p. 5.

35.     Robert J. Long, « Nova Scotia Authors and Their Work: A Bibliography of the Province » (West Medford, Mass., 1918), dactylogramme dans les Collections spéciales de la bibliothèque Killam, Université Dalhousie; Herald, Halifax, 16 janvier 1895, p. 8; 28 mars 1925, p. 17; Sun, Saint John, 18 septembre 1906, p. 1.

36.     Voir note 32.

37.     Nova Scotia Archives RG 28 Série « S », Vol. 172, Scotian Railroad Society. Dossier No 3 Yarmouth Steamship Company, Correspondance de mai à septembre 1892, de Spinney à Baker, 16 mai 1892; Herald, Halifax, 27 août 1892, p. 8.

38.     Thomas F. Anderson, « Blossoms Here for Many Miles », Herald, Halifax, 20 mai 1916, p. 13.

39.     Anderson, Nova Scotia... Tourist's Paradise, pp. 9, 10, 13, 15, 19, 26.

40.     Les employés de bureau salariés ont été les premiers à bénéficier des vacances payées dès le milieu du dix-neuvième siècle. Les vacances payées pour les salariés étaient plutôt rares avant 1930. Donna Allen, Fringe Benefits: Wages or Social Obligation? (Ithaca, New York : Cornell University Press, 1964), p. 42.

41.     Bentley, p. 88.

42.     « Summer Exodus and What It Testifies », The Century Vol. 38, No 3 (juillet 1889), p. 469.

43.     Chase, p. 15. Eliza Chase a écrit une suite intitulée In Quest of the Quaint (1902) et portant sur des voyages effectués au Nouveau-Brunswick et au Québec, ouvrage qui sera publié de nouveau plus tard par John C. Winston et qui comprendra un chapitre supplémentaire intitulé Transcontinental Sketches (1909).

44.     Telegram, Yarmouth, 29 juillet 1892, p. 1; le Brooklyn Daily Eagle, 6 septembre 1897, p. 2; 7 mai 1899, p. 18.

45.     Nova Scotia Archives RG 28 Série « S », Vol. 172, dossier Correspondance Yarmouth Steamship Company de mai à septembre 1892, No 6, de J.F. Spinney à L.E. Baker, 16 août 1892. Voir Robinson, p. 132. Voir aussi W.H. Bunting, Steamer, Schooners, Cutters and Sloops-Marine Photographs of N.L. Stebbins taken 1884-1907 (Boston : Houghton Mifflin, 1974). Stebbins a publié un livre illustré en 1888, The Yachtsman's Souvenir (Gardner, MA), et deux livres : Yacht Portraits (Boston Photogravure Company, vers 1890) et The New Navy of the United States (New York : Outing Publishing, 1912). La Society for the Preservation of New England Antiquities de Boston possède une grande collection des photos de Stebbins. Picture History of New England Passenger Vessels de W. Bartlett Cram (Hampden Highlands, ME : Burntcoat Corporation, 1980) est une bonne source de photos de bateaux à vapeur qui ont assuré la liaison entre les Provinces maritimes et les États-Unis entre 1850 et 1950. La photo du S.S. Yarmouth que l´on trouve dans le livre de Cram, p. 26, est vraisemblablement une photo de Stebbins.

46.     Des photos de Hardy, des Parker et d´Edson Graham sont reproduites dans l´ouvrage de Scott Robson et de Shelagh Mackenzie, An Atlantic Album: Photographs of the Atlantic Provinces, before 1920 (Halifax : Nimbus Publishing, 1985). Au sujet d´Amos Lawson Hardy, voir Graeme Wynn, « Images of the Acadian Valley: the Photographs of Amos Lawson Hardy », Acadiensis Vol. 15, No 1 (1985), pp. 59-83. Pour le travail des Parker, voir aussi Eric Ruff et Laura Bradley, Historic Yarmouth (Halifax : Nimbus Publishing, 1997) pp. 105, 108. Paul Yates figure dans Historic Digby de Mike Parker (Halifax : Nimbus Publishing, 2000) p. 95. Hardy et Yates sont également représentés dans Canada, The Missing Years: Images of our Heritage, 1895-1924 de Patricia Pierce (Don Mills, Ont. : Stoddart, 1985).

47.     On ne connaît pas la date précise de la photo de Hardy intitulée « The Village of Grand Pré », mais elle a été reproduite sur d´innombrables cartes postales avant la Première Guerre mondiale, presque toujours sans mention de la source. Elle remonte à au moins 1897 puisqu´elle apparaît en page 34 du livre d´Agnes Helen Lockhart intitulé Gems from Scotia's Crown, livre illustré commémoratif sur le jubilé de diamants de la reine Victoria. Un bel exemple figure dans le propre livre illustré de Hardy, Evangeline Land (vers 1902), publié par James Bayne de Grand Rapids, au Michigan.

48.     Woodworth donne le compte rendu le plus détaillé des problèmes du chemin de fer, mais Shirley E. Woods en fournit une version plus concise dans Cinders and Saltwater: The Story of Atlantic Canada's Railways (Halifax : Nimbus Publishing, 1992), pp. 134-135.

49.     Bibliothèque et Archives Canada (BAC) RG 43, Chemins de fer et canaux, Série A-I-1, Vol. 11 Dossier 897, Windsor & Annapolis Railway, maintenant Dominion Atlantic Railway, Statistiques sur les rails, le matériel roulant, etc., 25 mai 1897; Woodworth, p. 105; Woods, Cinders and Saltwater, pp. 134-135; Morning Herald, Halifax, 12 janvier 1886, p. 3.

50.     Brooklyn Daily Eagle, 20 septembre 1896, p. 11; 1er novembre 1896, p. 21.

51.     Herald, Halifax, 2 septembre 1899, p. 10.

52.     Brooklyn Daily Eagle, 8 septembre 1900, p. 13.

53.     Woodworth, pp. 121, 130. Woodworth a écrit que les recettes totales tirées du transport des passagers (c´est-à-dire résidents et non-résidents) en 1907 étaient de 380 000 $ tandis que des données de 1915-1918 montrent une moyenne annuelle d´à peine un peu plus de 400 000 $. BAC, RG 46, Commission canadienne des transports, Série C-II-1, Vol. 1549, Dossier 14241, Partie 2, Tableau « DAR Income Account »; BAC, RG 46, Vol. 1549, Dossier 14241, Partie 1, Note de service de « H.L.D. » à « The Chief Commissioner », 24 décembre 1917.

54.     Lettre de R.A. Parker, agent général des passagers, DAR à A.D. Cartwright, secrétaire, Commission des chemins de fer, Ottawa, 19 septembre 1919.

55.     Herald, Halifax, 26 mars 1926, p. 3.

56.     Brenda Dunn, « From Pasture to Prosperity: The Development of Grand Pré Park », Parcs Canada, Rapports-microfiches, Série 47 (1982); Susan Wagg, Percy Erskine Nobbs, Architect, Artist, Craftsman (Kingston et Montréal : McGill-Queen's University Press, 1982). Le village pionnier de Skansen (1891) à Stockholm a beaucoup attiré l´attention des partisans du renouveau colonial américain qui voulaient créer un projet semblable aux États-Unis. Colonial Williamsburg (1926) en Virginie et le Pioneer Village (1930) à Salem, au Massachusetts, se sont inspirés de Skansen. Voir Lindgren, pp. 165-166.

57.     Voir l´article de Barbara Schmeisser à l´adresse http://novascotia.ca/archives/habitation/schmeisser.asp

58.     James M. Lindgren, Preserving Historic New England: Preservation, Progressivism, and the Remaking of Memory (New York : Oxford University Press, 1995); Alan Axelrod, rédacteur, The Colonial Revival in America, (New York : Norton, 1985). Le renouveau colonial est associé de plus près à la culture matérielle et à l´architecture qu´à l´historiographie; son influence sur la culture populaire américaine de la fin de l´époque victorienne est toutefois évidente.

59.     Au sujet de Wallace Nutting, voir William H. Truettner et Thomas A. Denenberg, « The Discreet Charm of the Colonial », dans Truettner et Stein, Picturing Old New England: Image and Memory (New Haven : Yale University Press, 1999), 79-110; Thomas Andrew Denenberg, Wallace Nutting and the Invention of Old America (New Haven : Yale University Press, 2003). Nutting mentionne avoir visité la Nouvelle-Écosse dans son autobiographie, Wallace Nutting's Biography (Framingham, Mass. : Old America Company, 1936); deux de ses premières photographies colorées à la main s´intitulaient « A Nova Scotia Idyll » et « Evangeline Lane ».

60.     Patricia Jasen, « From Nature to Culture: The St. Lawrence River Panorama in Nineteenth-Century Ontario Tourism », Ontario History Vol. 85, No 1 (1993), pp. 50.

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