La présence de la Marine royale dans les eaux de la Nouvelle-Écosse remonte presque au début de la colonisation par les Britanniques. Au dix-septième siècle, quand le contrôle du territoire passe plusieurs fois de la France à l'Angleterre et vice-versa, les navires de guerre britanniques s'amènent parfois dans la baie de Fundy pour appuyer les interventions militaires et renforcer les prétentions ténues que la Grande-Bretagne a sur les territoires où sont établies les populations française et mi'kmaq.
Le traité d'Utrech signé en 1713 octroie définitivement la colonie à l'Angleterre. Les navires de la marine continuent à visiter Annapolis Royal de façon sporadique. La petite ville est devenue la capitale de la Nouvelle-Écosse et possède une garnison militaire et un conseil de gouvernance. Les opérations navales comprennent également des arrêts occasionnels à Canso, à l'extrémité de la côte nord-est de la Nouvelle-Écosse. Canso avait été établie comme avant-poste militaire pour protéger les pêcheries et garder un oil sur les activités de la France à Louisbourg sur l'île Royale (le Cap-Breton).
Dans les années qui précèdent la guerre de Sept Ans en Amérique du Nord (1755-1763), des expéditions contre Louisbourg amènent la Marine royale de plus en plus fréquemment dans les eaux de la Nouvelle-Écosse. La marine finit par s'installer à Halifax, après la fondation de la nouvelle capitale en 1749. L'immense port abrité et profond ainsi que sa proximité relative de Louisbourg ont été des facteurs clés dans le choix de l'emplacement de la nouvelle ville. Quand on établit un carénage pour réparer les navires de la marine en 1758, l'avenir de la ville est assuré. Les rêves d'empire, les réalités de la guerre, la rébellion et la suprématie de la marine contribuent à garder la Marine britannique en Nouvelle-Écosse jusqu'au début des années 1900.
Après les années 1740, pour assurer sa présence et sa suprématie dans l'Atlantique Ouest, la Marine royale crée une escadre vouée uniquement à la patrouille et au service des intérêts britanniques en Amérique du Nord et dans les Antilles. Halifax est sa base d'opération. Après 1800, la Marine royale est de moins en moins présente en Nouvelle-Écosse, sauf dans la capitale. Par contre, les conséquences de sa présence et de son influence sur la ville sont énormes. À l'exception d'un bref séjour aux Bermudes, l'amiral qui commande la station navale nord-américaine réside à Halifax et la ville est une véritable ruche d'activités navales et de mouvements de flotte.
Les images choisies pour l'exposition virtuelle illustrent bien la relation entre la Marine royale et Halifax, son port d'attache, tout en tenant compte de la présence de la Marine britannique ailleurs dans la province. Les ouvres documentaires et les photographies historiques choisies montrent les changements qui sont survenus dans les forces navales et l'armement et qui ont vu le passage des gigantesques navires de guerre à voiles, magnifiques mais difficiles à manouvrer, et l'arrivée des navires à la ligne mince et d'allure menaçante de la fin du dix-neuvième et du début du vingtième siècle. Une fois réalisé le changement de la voile à la vapeur, Halifax joue un rôle important d'un point de vue stratégique pour l'approvisionnement en charbon de ces nouveaux guerriers des mers qui nécessitaient un réapprovisionnement régulier.
La présence de l'escadre et de l'armée britanniques donne à Halifax un air cosmopolite qui est encore perceptible aujourd'hui. Les liens avec l'Empire sont inhabituellement forts et ils le restent bien après la création du Canada en 1867. Le défilé constant des navires de la Marine britannique entrant et sortant du port sur une période de 150 ans et l'activité économique locale qui est générée par la réparation et le ravitaillement des navires font que les résidents d'Halifax croient fermement à la grandeur et à la puissance de l'Empire britannique.
C'est lors des visites de membres de la famille royale que l'esprit patriotique de la ville est le plus évident. Halifax est le port d'arrivée et les meilleurs navires de la Marine royale escortent le navire royal ou sont présents pour lui souhaiter la bienvenue. Par exemple, quand le marquis de Lorne et sa femme, la princesse Louise, arrivent à Halifax en 1878 à bord du paquebot Sarmatian de la compagnie Allan, ils sont accueillis par une flotille des meilleurs navires de l'escadre. C'est durant cette visite à Halifax que le marquis est nommé gouverneur général du Canada.
La présence de la Marine royale influence la vie à Halifax et donne lieu à de nombreuses occasions d'interaction et d'intégration pour les hommes en poste à Halifax pour de longues périodes à la fois, surtout lors d'activités sportives comme la voile et l'aviron. La vie sociale est également très active et au cours des années, bon nombre de jeunes femmes de bonnes familles d'Halifax épousent des membres de la Marine royale.
Ce sont peut-être les photographies prises par le studio Notman à la fin des années 1860 qui ont le mieux capté le sens de l'Empire et de sa puissance ainsi que la fierté que les gens ressentaient à l'égard des navires et des hommes. Ces photos donnent vie aux hommes de la Marine royale et illustrent bien leur quotidien, tant celui des membres d'équipage que celui des amiraux en passant par celui des matelots avec leurs singes domestiqués.
L'arrivée du vingtième siècle amène le repli de la Marine britannique. Les besoins et les intérêts se déplacent de l'Amérique du Nord vers l'Europe et ailleurs dans le monde, surtout après la Première Guerre mondiale. L'armée quitte Halifax en 1906 et dans les années qui suivent, la Marine royale quitte graduellement les eaux de la Nouvelle-Écosse et transfert à un certain moment l'arsenal maritime d'Halifax au contrôle canadien. On oublie aujourd'hui qu'avant 1910, le Canada n'avait pas de marine. Cette année-là, il acquiert deux navires de la Grand-Bretagne. Comme on le voit dans les photographies, l'un d'eux, le HMS Niobe, avait été affecté à la station navale nord-américaine et était déjà bien connu à Halifax.
Les images présentées dans l'exposition virtuelle couvrent de 1751 à 1939 et sont présentées presque en ordre chronologique. La période qui suit 1859 compte de nombreuses photographies de navires qui sont présentées en ordre alphabétique de nom de navire.
Ce projet a été rendu possible en partie grâce au soutien du programme de numérisation de la communauté archivistique, de Bibliothèque et Archives Canada et du Conseil canadien des archives.
Nova Scotia Archives — https://archives.novascotia.ca/royalnavy/
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