Wallace Robinson MacAskill est le troisième fils d'Angus MacAskill, marchand presbytérien de St. Peter's au Cap-Breton, et de sa seconde femme Mary Cunningham.1 Juchée sur une bande étroite de terre séparant l'océan Atlantique du lac Bras d'Or, la localité côtière nourrit ce qui deviendra ultérieurement une obsession de la mer.
À l'âge de 11 ans, Wallace MacAskill a déjà réussi à s'acheter un petit voilier et à apprendre tout seul à naviguer dans les anses du Bras d'Or.2 L'année suivante, un touriste impressionné par la serviabilité du garçon lui fait parvenir un appareil photo.3 À 13 ans, MacAskill pratique déjà les activités qui constitueront sa carrière et son passe-temps favori.
Wallace MacAskill quitte St. Peter's vers 1904, à l'âge de 17 ans, pour aller à la Wade School of Photography à New York où il acquiert les compétences nécessaires pour gagner sa vie comme photographe.4
À l'époque, l'influence du mouvement pictorialiste sur la communauté des photographes de New York est à son summum.5 Ce mouvement est mené par Alfred Stieglitz et le groupe Photo-Secession. Le pictorialisme, terme appliqué à la photographie d'art, inclut le flou artistique de l'impressionnisme où l'atmosphère prime sur le sujet de l'image.6 MacAskill en fera sa marque de commerce. Le mouvement, qui s'inspire de l'impressionnisme des Turner, Degas et Monet, insiste sur les valeurs tonales et la composition.7 Pour arriver à produire de tels effets, les pictorialistes peuvent compter sur le procédé à la gomme bichromatée qui permet une plus grande liberté dans la manipulation des charactéristiques de l'image que les procédés de développement photographique conventionnels.8 Le dernier numéro de Camera Work, l'organe d'Alfred Stieglitz et des photo-sécessionnistes, est publié en 1917. Vers le milieu des années 1920, le pictorialisme est considéré comme un mouvement qui n'a plus sa raison d'être, encore que certains adeptes continueront de produire et d'exposer pendant de nombreuses années.9
On peut dire sans grand risque de se tromper que MacAskill est imprégné de l'influence des puissants et populaires pictorialistes lorsqu'il obtient son diplôme en 1907. Bon nombre de ses photos les plus connues, comme Starboard Look-out, Grey Dawn, Morning in the Cove et Morning Along the Waterfront, reflètent cette influence.
De retour à St. Peter's, il ouvre un studio avec ses frères,11 mais peu de temps après il déménage à Glace Bay pour fonder son propre studio commercial.12
En 1915, MacAskill est déjà établi à Halifax. Il travaille alors pour W.G. MacLaughlan, photographe militaire officiel d'Halifax.13 L'année suivante, Gauvin et Gentzel l'embauchent comme tireur développeur pour Elite Studios; il y reste jusqu'en 1919.14 Alors qu'il occupe ce poste, MacAskill prend des photos de l'explosion et des vues générales d'Halifax qui sont par la suite développées en une série de cartes postales par Underwood & Underwood.
En 1920, il est embauché comme photographe par Commercial Photo Service (C.P.S.) dont il devient propriétaire en 1925. C'est probablement à cette période qu'il rencontre Elva Abriel, également photographe publicitaire, qui travaille peut-être à l'occasion pour le compte de C.P.S. Ils se marient à Enfield en 1926. Leur partenariat est à la source de la réputation internationale acquise par C.P.S.
Deux ans avant son mariage, soit à l'âge de 37 ans, MacAskill reçoit pour la première fois la reconnaissance de son travail personnel comme photographe et non comme employé d'un studio. En 1924, Grey Dawn est exposé au salon international de la Société royale de photographie de Grande-Bretagne, qui fut sans doute l'un des derniers salons internationaux à exposer des oeuvres influencées par le mouvement pictorialiste.
MacAskill devient membre du Royal Nova Scotia Yacht Squadron en 1921. À l'été 1925, il retourne dans le Bras d'Or avec un groupe d'amis sur le yacht Restless.15 Il ne cesse de prendre des photos pendant toute la durée de l'expédition dont The Old Coaster est l'un des célèbres résultats.16
The year 1929 was probably one of the most exciting and promising of MacAskill's life. He won a bronze medal for one of his seascapes at the seventh International Salon of Real Sociedad Fotografica in Madrid, the Bluenose stamp based on his photograph was issued, his yacht Highlander was built by Tom Collon from plans by W.J. Roue,17 and he opened a business under his own name at 72 Barrington Street in Halifax.18
Pour MacAskill, 1929 est probablement l'une des années les plus enivrantes et prometteuses de sa vie : il est médaillé de bronze pour l'une de ses marines lors du 7e salon international de la Real Sociedad Fotografica qui se tient à Madrid; le timbre Le Bluenose, créé à partir d'une de ses photos, est émis; son yacht Highlander est construit par Tom Collon d'après les plans de W.J. Roué; il ouvre une entreprise éponyme au 72 de la rue Barrington à Halifax.
Au cours des cinq premières années de la nouvelle décennie, MacAskill s'adonne à sa passion pour la mer. Il remporte, à la barre du Highlander, la coupe Prince de Galles en 1932, 1933 et 1934; il répète l'exploit en 1938. Il est vice-commodore du Royal Nova Scotia Yacht Squadron en 1934-1935 et commodore en 1936.
L'année suivante, son premier livre, Out of Halifax, est publié. Durant les années 1920 et le début des années 1930, MacAskill vend à des éditeurs de ses photos pour agrémenter des revues, des journaux et des tabloïds, comme le Sunday Leader, mais souvent sans être crédité comme leur auteur. Out of Halifax, publié en tirage limité, renferme ses images les plus populaires. C'est aujourd'hui un ouvrage de collection. La pièce de 10 cents canadiens sur laquelle est gravé le Bluenose est mise en circulation la même année.19
Durant la Seconde Guerre mondiale, les photos de MacAskill gagnent en popularité chez les Néo-Écossais qui se trouvent à l'étranger et qui ont le mal du pays.20 Elles sont aussi des cadeaux de noces très prisés. Cette popularité est probablement attribuable au fait que le monde est en changement — la sécurité chaleureuse et familière d'antan telle que photographiée par MacAskill commence à manquer aux gens. L'âge d'or de la voile, les collines et les vallons du Cap-Breton, les villages de pêcheurs pittoresques, la navigation dans le North West Arm — voilà ce que chérissent les Néo-Écossais exilés à l'étranger ou ailleurs au pays.
En 1948, certaines de ses photos des courses internationales des goélettes de pêche de l'Atlantique Nord (qui se sont tenues de 1920 à 1938) sont publiées dans Schooner Bluenose.21 En documentant les élégantes goélettes de pêche avec son appareil photo, MacAskill a exaucé le souhait exprimé par John Masefield22 de voir ces vaisseaux gracieux préservés en images pour les générations futures.23
En 1951, son deuxième livre, Lure of the Sea, est publié. Il comprend, entre autres, des photos incluses dans Out of Halifax. L'année suivante, le Salon international de photographie de Victoria, en Colombie-Britannique, lui décerne le prix Thunderbird Crest (du mérite extraordinaire en photographie marine) pour Starboard Lookout. Cette photo est prise du pont du Bluenose alors qu'il quitte le port de Lunenburg pour se rendre à l'exposition universelle de Chicago en 1933.24 Ce prix ravive l'ardeur patriotique enfouie dans le coeur des Néo-Écossais établis dans l'Ouest canadien, suscitant un regain d'intérêt pour la collection des oeuvres de MacAskill.25
Voici des exemples montrant le prestige dont jouit MacAskill dans la communauté des photographes en Amérique du Nord. En 1953, la Photographic Association of America tire 50 diapositives choisies parmi ses photos et produit une bande sonore d'accompagnement qui explique le processus de leur création, en vue d'en faire un outil éducatif pour de futurs photographes.26 L'année suivante, il est admis comme fellow de la Photographers Society of America.27 Aussi, aux alentours de cette période, peut-être vers la fin de la décennie, la galerie d'art de la maison Eastman à Rochester (New York) expose certaines de ses oeuvres.28
Le 25 janvier 1956, Wallace MacAskill décède d'une hémorragie célébrale chez lui à Brigadoon, à Ferguson Cove dans le comté d'Halifax. Il est alors âgé de 69 ans. Ses funérailles ont lieu à la basilique St. Mary et il est enterré au cimetière Gate of Heaven, à Sackville. Huit ans plus tard, en août 1964, sa femme Elva MacAskill vend les négatifs et le fonds commercial de l'entreprise de son mari à Maurice Crosby, un photographe d'Halifax.29
La collection renferme des négatifs de photos prises par W.R. MacAskill et quelques négatifs collectionnés par lui. Quatre types de négatifs sont représentés : les négatifs sur plaques au collodion, sur plaques sèches à la gélatine, sur pellicule de nitrate de cellulose et sur pellicule d'acétate de cellulose (les premiers négatifs de sécurité). Le fait que les négatifs ne sont pas tous du même type entraîne des problèmes d'entreposage. Par contre, ils présentent un éventail intéressant de techniques négatives depuis les alentours de 1855 jusqu'à présent. Malheureusement, le type de négatif employé n'est pas très utile pour en effectuer la datation étant donné que leur emploi se chevauche dans le temps. Par exemple, les pellicules de nitrate de cellulose et d'acétate de cellulose sont employées entre 1923 et 1951, alors que les plaques sèches à la gélatine et les pellicules de nitrate de cellulose sont employées entre 1889 et les alentours de 1920.30
The MacAskill Collection contains 4330 cellulose negatives and 630 gelatin dry plate negatives spanning the years c.1916 - c.1949, as well as two collodion plate negatives c.1875 and 481 original prints. It has been commonly held as fact that MacAskill destroyed 99 out of 100 negatives.31 If this were true, based on the 5000 negatives remaining, MacAskill would have had an output of 500,000 scenic and artistic photographs, in addition to his work as a studio photographer. However, E.A. Bell, who had joint ownership of the yacht Restless on which MacAskill cruised the Bras d'Or in 1925, relates that the photographer printed only one out of every hundred negatives;32 and this would seem a more reasonable representation.
La collection MacAskill compte 4 300 négatifs sur pellicule de cellulose et 630 négatifs sur plaques sèches de gélatine qui couvrent la période commençant vers 1916 et allant jusqu'aux alentours de 1949, ainsi que deux négatifs sur plaque collodionnée remontant aux alentours de 1875 et 481 photos originales. Selon une croyance généralement répandue, MacAskill détruisait 99 négatifs sur 100. Si tel avait été le cas, compte tenu des 5 000 négatifs qu'il nous reste de lui, MacAskill aurait pris 500 000 photos paysagères et d'art, en plus de celles prises dans le cadre de son travail comme photographe de studio. Or, selon E.A. Bell, copropriétaire du yacht Restless sur lequel MacAskill a navigué dans le lac Bras d'Or en 1925, le photographe ne tirait qu'un négatif pour cent; ce qui semble plus raisonnable comme représentation.
Les quelque 5 000 négatifs qui composent la collection ne constituent nullement un inventaire général de la carrière de MacAskill. Très peu de ses portraits photographiques, à l'instar de son travail dans ses studios de St. Peter's et de Glace Bay, ont survécu. MacAskill est considéré exlusivement comme un photographe marin33, mais cela n'est pas tout à fait vrai. Bien qu'il soit surtout célèbre pour ses photos de bateaux et ses marines, il ne s'est pas limité à ce type de sujets et il a gagné sa vie comme photographe publicitaire. La plus grosse partie de la collection existante représente son oeuvre entre les alentours de 1920 et 1938 alors qu'il était bien établi comme photographe à Halifax. La collection comprend des photos des courses internationales de pêcheurs, des navires de tous genres voguant au large de la Nouvelle-Écosse et des paysages du Cap-Breton ainsi que la plupart des études qu'il a faites de villages côtiers de la Nouvelle-Écosse, entre autres, Peggy's Cove et Indian Harbor.
Pour les années 1940, nous avons des images d'Halifax et de la région, comme des scènes de navigation dans le North West Arm, des clichés d'Herring Cove et des photos, qu'il a prises du balcon de sa maison à Ferguson Cove, de navires à vapeur (Aquitania, Queen Elizabeth, Queen Mary, Empress of Britain, etc.) entrant dans le port d'Halifax ou le quittant.
D'autres images pour lesquelles MacAskill était célèbre aux yeux du public ont une charge émotive plutôt que descriptive. Kingdom by the Sea, Saga of the Sea, Wanderlust et Son of the Sea se rangent dans cette catégorie. Le caractère romantique du flou pictorialiste qui ressort dans ces photos et d'autres, comme Nocturn, était rehaussé grâce au pinceau de sa femme Elva, qui créait le nuage pastel qui faisait la renommée de leur studio. Toutefois, la collection renferme également de nombreuses images documentaires sérieuses aux lignes parfaites et aux formes cristallines qui feront la joie des historiens comme des artistes.
Les épreuves photographiques tirées à partir de la collection de négatifs originaux de MacAskill présentent des images dans leur forme épurée sans l'enjolivage du coloriage à la main qui cache leurs fines subtilités. Même si elles n'ont pas été touchées par la magie de MacAskill dans sa chambre noire, ces photos servent à faire valoir la réputation du plus grand photographe de la Nouvelle-Écosse près de 50 ans après sa mort.
1. Presbytérien d'origine écossaise; marchand employant 3 hommes en moyenne par année.
Recensement de 1871: | MacAskill, Angus | 23 marié |
Recensement de 1881: | MacAskill, Angus | 33 veuf |
Recensement de 1891: | MacAskill, Angus | 43 marié |
MacAskill, Fred | 7 | |
MacAskill, Frank | 5 | |
MacAskill, Wallace | 4 |
2. Phyllis R. Blakeley, « Wallace MacAskill Marine Photographer and Yachtsman », Atlantic Advocate, juin 1960, p. 85.
5. International Center of Photography Encyclopedia of Photography, New York, Pound Press/Crown Publishers Inc., 1984, p. 396-397.
10. Phyllis R. Blakeley, op. cit., p.85.
12. McAlpines NS Directory,1907-1908 (Glace Bay).
13. McAlpines Halifax Directory,1915.
14. McAlpines Halifax Directory,1919, 1920.
15. Dr. Phyllis R. Blakeley Papers, notes prises pendant l'entretien avec E.A. Bell, 16 février 1960, MG1 Vol. 3076, no 10.
17. Phyllis R. Blakeley, « Wallace MacAskill » op. cit., p.89.
18. McAlpines NS Directory, 1929.
19. Phyllis R. Blakeley, op. cit., p.89.
20. Dr. Phyllis R. Blakeley Papers, notes on reminiscences, MG1 Vol. 3076 #10.
21. Andrew Merkel, Schooner Bluenose, Ryerson Press, Toronto, 1948.
22. Poète officiel de la Cour (Angleterre).
23. Phyllis R. Blakeley, « Wallace MacAskill » op. cit., p.89.
24. Dr. Phyllis R. Blakeley Papers, notes, MG1 Vol. 10.
25. Ibid., entretien avec Molly Cameron.
26. Patricia McCurdy, Mail Star, 8 septembre 1953, p.3.
27. Dr. Phyllis R. Blakeley Papers, « Wallace MacAskill », op. cit., première ébauche, MGI, Vol. 3076, no 10.
28. Ibid., entretien avec E.A. Bell, 16 février 1960.
29. Ibid., fiche du catalogue des manuscrits des Archives publiques de la Nouvelle-Écosse.
30. Siegfried Rempel, The Care of Black and White Photographic Collections Identification of Processes, CCI Technical Bulletin No. 6, Canadian Conservation Institute, National Museums of Canada, novembre 1979.
31. Phyllis R. Blakeley, « Wallace MacAskill » op. cit. p.86.
32. Dr. Phyllis R. Blakeley Papers, entretien avec E.A. Bell, 16 février 1960.
33. Lyn Harrington, « Down to the Sea - By Lens », Saturday Night, Vol. 66, no 50, 18 septembre 1951, p. 10.
Nova Scotia Archives — https://archives.novascotia.ca/macaskill/background/
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