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« Un Port de la côte Est » : Halifax en temps de guerre, 1939-1945

William D. (Bill) Naftel est un résidant de longue date d'Halifax et l'auteur de deux livres récents consacrés à la ville : Halifax At War: Searchlights, Squadrons and Submarines 1939-1945 (Halifax, 2008) et Prince Edward's Legacy: The Duke of Kent in Halifax: Romance and Beautiful Buildings (Halifax, 2005). Après avoir fait des études aux universités King's College et Dalhousie, Bill commença à travailler, en 1963, aux Archives nationales du Canada (appellation de l'époque) à Ottawa, puis obtint par la suite un transfert à Parcs Canada. Il consacra le reste de sa carrière active, d'abord à Ottawa et plus tard à Halifax, au soutien du programme des parcs nationaux, par ses recherches sur une grande variété de sujets, allant de l'histoire des ranchs dans l'Ouest canadien au 19e siècle au transport par voies canalisées, et termina sa carrière en tant que Directeur du programme historique de la région de l'Atlantique.

H.B. Jefferson : Journaliste et Censeur de la Presse

La guerre est une grande source autant de contraintes que de possibilités. Une vérité universelle commune à toutes les sociétés, les institutions, les technologies et les particuliers veut que, peu importe la situation prévalant au début d'une guerre, lorsque celle-ci prend fin, tout a évolué et a changé, pour le meilleur ou pour le pire. La présente composante du « Port de la côte Est » s'intéresse aux effets de la guerre sur une personne en particulier — un homme qui ne portait pas l'uniforme et qui était installé à demeure dans un hôtel d'Halifax — et explore comment, grâce à sa curiosité pour le milieu de temps de guerre qui l'entourait, cet homme en est venu à créer, de façon étrange et imprévue, un ensemble unique de documents pouvant maintenant profiter à la postérité.

Henry Bruce Jefferson est né en 1893 et a été élevé à Moncton, au Nouveau-Brunswick. Fils d'un cheminot, il se passionna toute sa vie pour les chemins de fer et le matériel ferroviaire roulant. Toutefois, il s'intéressa très tôt au journalisme et fit ses premières armes dans le métier en tant que rédacteur sportif. Vers 1918, il commença à travailler pour le Moncton Times et le Moncton Transcript en tant que reporteur et faisait également office de correspondant local pour le Herald et le Mail de Halifax; dans les années 1920, il déménagea à Sydney, au Cap Breton, où il grimpa les échelons, de réviseur de nouvelles à rédacteur en chef du Sydney Record; il fournissait aussi des nouvelles régionales à la Presse canadienne ainsi qu'au Chronicle et au Herald d'Halifax.1

En 1933, Jefferson déménagea à Yarmouth afin d'occuper le poste de rédacteur en chef et d'éditeur (aux termes d'un contrat de location) des hebdomadaires locaux The Yarmouth Herald et The Yarmouth Telegram. Les petits hebdomadaires constituaient une entreprise risquée au plus fort de la Grande dépression et, en 1936, Jefferson décida donc d'aller travailler à Halifax comme éditorialiste et rédacteur d'articles de fond pour le Daily Star. Il demeurera à Halifax pendant les trente années qui suivirent.

Les journaux de l'époque étaient ouvertement politisés et, parallèlement à l'évolution de sa carrière, Jefferson — ou « H.B. » comme on l'appelait — semblait avoir développé de fortes affinités libérales. Il travailla comme attaché de presse de parti lors de deux élections en Nouvelle-Écosse (1937) et lors d'une élection au Nouveau-Brunswick (1939), développant ainsi un réseau de relations politiques qui allait lui être utile par la suite.

Lorsque la guerre éclata en septembre 1939, l'une de ses premières victimes fut la liberté de l'information; le musellement de la presse (journaux, magazines et radio) en étant le meilleur exemple. Le gouvernement du Canada adopta immédiatement des règlements afin que tous les renseignements relatifs à la guerre transmis au grand public fassent l'objet d'un contrôle minutieux.

Très évidemment, les nouvelles qui traitaient des mouvements des forces navales et militaires furent presque totalement bloquées. Toutefois, il importait tout autant de tenir les gens informés, et ce, en leur transmettant un grand nombre de nouvelles intéressantes sur la guerre tout en omettant de leur divulguer des renseignements du type qui pourrait servir l'ennemi. Cela devint un art dans lequel excellaient les censeurs officiellement nommés. La technique la plus commune était simplement de garder intact le nœud de l'histoire, mais de taire les détails importants; ou encore, d'éviter d'« étouffer » une histoire intéressante, en la communiquant assez longtemps après l'événement pour rendre tout renseignement important inutilisable.

Au début, la censure de la presse était sous la responsabilité du secrétaire d'État, alors que les services d'informations télégraphiques, de câbles (télégraphiques) et de téléphonie étaient gérés par le ministère de la Défense nationale, par l'entremise des Postes. Par la suite, l'ensemble de la censure fut administré par un seul Directeur de la censure. Sur la recommandation du Col. J.L. Ralston, ministre des Finances — « qui le connaissait apparemment depuis de nombreuses années et qui louait son intelligence et son jugement »2 — Jefferson fut nommé Censeur régional des publications du Canada Atlantique à l'automne 1939; il assuma ce rôle pendant toute la guerre, jusqu'à ce que le poste soit aboli le 15 septembre 1945.

Seize quotidiens, 68 hebdomadaires et un certain nombre de publications similaires, de même que dix stations de radio, se trouvèrent sous la compétence de Jefferson, laquelle s'étendait sur la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard. La censure resta volontaire durant toute la guerre et, selon Jefferson : « La censure volontaire ne vaut pas grand-chose [en théorie], mais — et c'était un gros mais — en pratique, ça a très bien marché. »3 Ce qui importait le plus dans les Maritimes, c'était de retenir les détails sur les mouvements des navires, au moins jusqu'après le fait. « Un mot de trop, un vaisseau de moins », voilà un jeu de mot qui rappelait une dure réalité.

Quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, selon Jefferson, une histoire qui devait être publiée lui était lue au téléphone, et ce dernier faisait les changements nécessaires en cours de lecture. Malgré le potentiel de fuites, tout défaut d'apporter les changements convenus demeure un mystère : « Le processus était si avantageux pour chacun, que tous s'efforçaient d'en maintenir l'efficacité. »4 Jefferson soutint de plus qu'il n'avait jamais censuré d'éditorial, peu importe la virulence de la critique envers l'effort de guerre, et qu'il n'avait jamais supprimé d'autres nouvelles régionales, à moins qu'elles n'aient constitué une menace pour la sécurité nationale.

La vaste expérience de Jefferson lui fut d'un grand secours. Au cours de sa carrière antérieure, il avait été un correspondant ou attaché de presse itinérant « dans pratiquement chaque mille carré des provinces maritimes »5 et avait couvert chaque secteur — comme il le disait lui-même : « marine marchande, aviation, services ferroviaires, domaine militaire, charbon, fer et acier, domaine du travail (y compris la couverture d'importantes grèves), toutes sortes de « campagnes » menées par des journaux locaux, activités liées aux nouvelles d'ordre politique (à la fois comme reporteur et comme attaché de presse de parti), ainsi que les dépêches télégraphiques et le travail des associations de presse… . »6 Il n'y avait pas grand-chose qu'il ne connaissait pas, ou qu'il ne comprenait pas, quant aux répercussions potentielles des fuites d'information.

Au cours des premières années, jusqu'à ce que des attachés de presse attitrés ne soient nommés par les forces armées, Jefferson a aussi agi en tant que, plus ou moins, un attaché de presse militaire non officiel pour transmettre les nouvelles-choc concernant ce port qui devint vite connu comme « un Port canadien de la côte Est » (« East Coast Canadian port »). Ce terme obscur et générique de temps de guerre pouvait désigner tout port canadien de l'Atlantique et servait donc à brouiller les pistes quant à l'endroit exact où avait réellement eu lieu un événement important qui était ainsi rapporté. Toutefois, la plupart des Haligoniens assumèrent à juste titre que ce terme référait uniquement à leur ville.

Fort de ses années d'expérience, Jefferson connaissait tout le monde et voulait tout savoir sur ce qui se passait dans son domaine de responsabilité — une curiosité sans bornes qui aggravait clairement certaines situations. Il n'a jamais eu l'impression que sa fonction était un emploi de bureau et, dès le début de sa carrière, ses supérieurs d'Ottawa ont été forcés de se porter à sa défense à une occasion, où il s'était vu refuser un laissez-passer militaire officiel pour visiter un navire : « Comme vous le savez, nous avons par le passé dû faire face à une certaine critique liée à quelques activités de M. Jefferson… et, bien que nous croyions que tout soit maintenant rentré dans l'ordre, nous sommes amenés à penser que ses fonctions sont encore mises en question par certains représentants officiels. » Et, continuaient-ils, Jefferson était vital pour leur organisation :

« Le bureau d'Halifax est probablement le plus onéreux et le plus difficile à gérer de notre organisation. Seul un censeur de la presse assidu au travail, ayant un certain talent pour la diplomatie et faisant preuve d'un jugement solide, peut rester en poste aussi longtemps que l'a fait M. Jefferson sans entraîner le siège social ici [c.-à-d. à Ottawa] dans une critique et une controverse sans fin. M. Jefferson a bien fait son travail et, si nous devions le remplacer, il est extrêmement douteux que nous puissions mettre la main sur un homme qui, somme toute, puisse s'acquitter aussi bien de cette tâche. »7

Il semble que cela ait réglé la question; aucune preuve ne fait état d'une autre tentative de garder Jefferson confiné à son bureau ou à terre, et il ne l'a jamais été non plus. Dans un sens, par contre, le colonel qui refusa de délivrer un laissez-passer officiel à Jefferson avait de bonnes raisons d'être suspicieux. L'enfance orientée vers les chemins de fer du censeur de la presse se traduisait immédiatement par une fascination pour l'activité maritime — et le port d'Halifax fournissait de 1939 à 1945 des places de premières loges pour assister aux allées et venues des navires militaires et marchands de virtuellement chaque pays allié prenant part à la guerre.

Rien n'échappait à Jefferson, et sa curiosité était sans bornes. Il arpentait les hangars et les quais, laissez-passer en main, et jouissait de plus d'une vue privilégiée depuis son bureau de censeur, tout en haut du « gratte-ciel » Art Deco — à l'époque l'édifice le plus haut d'Halifax — appelé aussi bien le Dominion Public Building que la Tour fédérale ou encore, plus simplement, l'Hôtel des postes. Et ça ne s'arrêtait pas là. En vertu d'une entente, qui n'avait rien d'inhabituelle pour l'époque, lui et son épouse, Lennie Ayer, de Moncton, vécurent pendant des années au quatrième étage de l'hôtel Nova Scotian, dans une chambre qui surplombait les quais 20, 21 et 22 — le « Seawall », où la plupart des gros paquebots, transformés durant la guerre en transports de troupes très achalandés, étaient accostés.

Non seulement Jefferson a-t-il été un témoin des événements qui se sont passés en plein cœur des années de guerre, mais il les a également consignés sur papier — presque dans leurs moindres détails — dans un volumineux journal dactylographié, dans une myriade de carnets et sur des films noir et blanc, à l'aide de son appareil 120 mm (sûrement de contrebande). Qu'avait-il en tête? Pourquoi faisait-il tout cela? Quelqu'un d'autre était-il au courant de ce qu'il faisait? Il reste peu d'indices dans ses papiers personnels, autres que sur les risques professionnels communs aux reporteurs de journaux. Quelque chose l'animait toutefois, sans doute la curiosité, une fascination pour la photo et une obsession du détail.

Aucun espion ennemi n'aurait pu faire preuve d'autant de ténacité. Des vues surtout de face et d'est du littoral de Dartmouth depuis son bureau de censeur, avec quelques aperçus côtés nord et sud, aux clichés pris occasionnellement à partir de l'hôtel Nova Scotian, Jefferson créa un dossier photographique unique du « Port de la côte Est » du Canada en temps de guerre. De plus, il annota soigneusement, juste sous le nombre d'ouverture, chacun des quelques centaines de clichés qu'il semble avoir développés lui-même — probablement pour une très bonne raison — jusqu'en 1944, lorsqu'il devint évident pour tous, sauf pour les Allemands, que la guerre touchait à sa fin. La majorité, sinon la totalité, de ces négatifs n'ont jamais été imprimés, et le présent site Web reproduit la collection en version imprimée pour la première fois.

Habitué à utiliser la machine pour son travail de journaliste, Jefferson tapait son journal quotidien, lequel est présenté ici dans son intégralité en version numérisée, facilement accessible au lecteur moderne. « H.B. » était un observateur ironique et critique des événements et se délectait volontiers des scènes souvent chaotiques dont il était témoin. Rien ne lui échappait sur la vie en temps de guerre à Halifax. Tout était matière à stimuler sa curiosité et sa vigilance de reporteur, des repas servis dans les hôtels et les restaurants locaux, jusqu'à l'établissement de listes faisant état de la progression ordonnée, minute par minute, des navires qui quittaient le port en formation de convoi.

Le censeur officiel de la presse du Canada Atlantique aimait aussi, tout comme le citoyen moyen du « Port de la côte Est » du Canada, les ragots de temps de guerre, lesquels faisaient le désespoir de l'administration. Rien de mal à vérifier certaines de ses histoires, et quelques exemples suffiront ici à démontrer au lecteur son style dégagé :

25 août 1941 - Eddie m'a dit plus tôt dans la journée qu'ils avaient donné l'alarme aux Forts à la vue d'un billot qu'ils avaient pris pour un sous-marin. Je frémis à la pensée qu'ils pourraient prendre un sous-marin pour un billot.

1er janvier 1942 — Le navire de ligne britannique, HMT Moreton Bay, est arrivé ce matin avec environ 700 prisonniers allemands à bord, suivi de près par le HMT Bergensfjord avec plusieurs centaines d'hommes de la force aérienne pour l'effectif no 31, à Moncton, quelques soldats, des officiers et matelots de la MR, des marins marchands, des techniciens américains de retour, des Terre-Neuviens du Corps forestier, des scientifiques britanniques et une mission commerciale russe en route pour l'Amtorg à New York. Il y avait quelques hommes des forces aériennes, des soldats et d'autres passagers sur le Moreton Bay. Deux trains transportaient les prisonniers, le dernier ayant quitté les lieux à 14 h 45. Deux compagnies de la Garde territoriale des anciens combattants du Canada, sous le commandement du Major MacPherson, leur servaient d'escorte. Les Princess Louise Fusiliers gardaient le quai, et des précautions extraordinaires avaient été prises pour prévenir des évasions de la nature de celles qui s'étaient produites le 22 janvier 1941. L'admission dans l'aire de débarquement nécessitait un laissez-passer spécial rouge émis par le Major Gwynne. Les premiers 44 hommes qui débarquèrent du navire étaient des officiers des forces aériennes allemandes. Leurs uniformes paraissaient étrangement familiers, puis j'ai appris qu'on leur avait donné des uniformes de la RAF sur lesquels ils avaient cousu leurs écussons d'épaule et autres insignes. Le reste de la foule était composé d'aviateurs, de quelques soldats et de quelques matelots de la marine, certains d'entre eux étant supposés être des survivants du Bismark. Ils étaient très silencieux et semblaient peu intéressés à ce qui se passait autour d'eux. Parmi ceux qui revenaient sur le « Bergensfjord », se trouvait le Dr Best, maintenant dans les forces navales, celui-là même qui était l'assistant du Dr Banting lors de la découverte de l'insuline. Le débarquement s'est déroulé sans incident, contrairement à ce qui s'était passé ici en janvier 1941.

1er mars [1942] — 5 h 30 — Le pétrolier britannique « Diloma », est arrivé. En jetant un coup d'œil de la fenêtre, j'ai noté que le « Diloma », d'abord à hauteur de [l'île] George, puis s'en éloignant, paraissait avoir été endommagé par une torpille juste devant la passerelle. Comme il se rapprochait, je pouvais distinguer une longue brèche, ronde à l'avant, puis carré avec un long battant plat branlant replié vers l'arrière. Il s'agissait d'une combinaison des types de dommages qu'avaient subis le « Egda » et le « Corilla ». Le pont était renflé là où l'explosion l'avait soulevé sur une distance de 40 pieds, mais le navire était toujours en équilibre.

1er mars [1942] — 5 h 40 - Le « Diloma » a jeté l'ancre près de l'« Egda ». Par la fenêtre, l'on pouvait voir d'un seul coup les quatre pétroliers torpillés, en ordre nord-sud, « Diloma », « Egda », « Corilla » et « Kars ».

21 avril [1942] — Le grand mystère des bananes demeure non résolu. Le port est rempli de tiges flottantes depuis à peu près le 18 avril. Les responsables du port et des bananes disent ne rien savoir à ce sujet, mais l'on croit que les bananes ont été jetées à l'eau pour faire monter les prix. J'en ai mangé une, mais je l'ai ensuite regretté, lorsque je me suis mis à penser que le port est probablement rempli de germes de la typhoïde en raison des milliers de navires qui y ont accosté au cours des deux dernières années et qui ont jeté leurs déchets par-dessus bord.

15 janvier 1943- Cela fait plusieurs mois que je n'avais vu autant de personnes en état d'ébriété que celles que nous avons rencontrées entre le bureau de poste et l'hôtel Nova Scotian lorsque nous sommes rentrés à la maison ce soir. Il y avait des soûlards qui chantaient, des soûlards qui pleuraient, d'autres qui se battaient ou se disputaient, ou d'autres encore qui parlaient tout seuls en se promenant. ... La chaleur et le soir de paye combinés devaient y être pour quelque chose. Je n'ai jamais vu autant de membres du S[ervice] féminin de l'Armée canadienne (CWAC) près de l'hôtel NS tard le soir. Il y a deux ou trois semaines, il y en avait tout plein. La combinaison la plus commune semble être un officier de l'armée et un caporal du CWAC.

De toute évidence, Jefferson a aimé les années de guerre et, comme beaucoup de personnes qui ont eu la chance d'en sortir indemnes, il se peut qu'il ait regretté ces années, dans le calme du temps de paix. Après la clôture des opérations de censure en septembre 1945, il travailla comme rédacteur en chef provincial du Halifax Chronicle et comme rédacteur en chef adjoint des pages éditoriales des quotidiens d'Halifax, Chronicle et Star, jusqu'à la fusion inattendue en janvier 1949 des activités journalistiques du Chronicle et du Herald — laquelle en surprit plusieurs, y compris le personnel de ces journaux, en raison de leurs nombreuses années de concurrence acharnée.

Au début, il n'en résulta rien de bon pour Jefferson qui, à ce moment de sa vie, se retrouva l'un des 150 employés devenus excédentaires. Sur le point de quitter Halifax, bien à contrecœur, pour entreprendre un travail au Toronto Telegram, il semblerait qu'il fut rescapé grâce à ses relations politiques de longue date; l'administration libérale d'Angus L. Macdonald lui offrit un poste au Service de l'information de la Nouvelle-Écosse.8 L'année suivante, il devint rédacteur en chef du Hansard, le journal des débats de l'Assemblée législative — dont l'impression avait été supprimée en 1916, par mesure d'économie, et venait d'être rétablie.

Ce poste de la fonction publique restreignait quelque peu sa liberté d'écrire pour publication — mais pas tant que ça. Parmi les nombreux documents personnels déposés en 1970 aux Services des archives et de la gestion de la Nouvelle-Écosse (NSARM) par sa succession, se trouvent de volumineux dossiers détaillés révélant sa passion pour l'histoire des chemins de fer des Maritimes. Reflet indéniable de son éducation, et en parallèle avec l'intérêt qu'il porta aux navires pendant la guerre, cette recherche a été publiée dans le Chronicle-Herald de Halifax, entre 1957 et 1961, sous le pseudonyme de « J. B. King ».

J.B. prit sa retraite du Hansard en 1966, mais ni l'âge ni la retraite ne ralentirent ses activités. Actif jusqu'à la toute fin, il mourut le 20 mai 1970, quelque deux ans après son épouse Lennie, et fut enterré à Moncton, ville de son enfance — où il venait de déménager pour travailler en tant que rédacteur en chef adjoint d'un nouvel hebdomadaire, le Free Press.9


Notes de fin de texte :

1 Nova Scotia Archives , H.B. Jefferson fonds, MG 1, vol. 489, dossier LXXII, article 3403.

2 MG 1, vol. 490, dossier LXXIX; Charpentier and Eggleston (Press Censors for Canada), Ottawa, 23 août 1941.

3 MG 1, vol. 489, dossier no 3275. Dal Warrington, « Mr. Eastern Canadian Port, » dans Halifax Daily Star, 20 fév. 1943, p. 9.

4 Idem.

5 The Chronicle-Herald (Halifax), 21 mai 1970, p. 24, nécrologie : « H. B. Jefferson, journaliste bien connu, est décédé à l'âge de 77 ans. [traduction libre]

6 MG 1, vol. 489, dossier LXXII, article 3407; Memorandum, sans date.

7 MG 1, vol. 490, dossier LXXIX; Charpentier and Eggleston, 23 août 1941.

8 MG 1, vol. 489, dossier LXXII, article 3362.1; HBJ to Mr. E. R. McCall [Toronto Telegram], 10 mars 1949.

9 The Chronicle-Herald, 21 mai 1970.

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